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Dur, dur, dur le Rallye Monte-Carlo Historique.
Remarquez avec ce qui était tombé comme neige sur le Vercors et l'Ardèche deux jours avant on avait prévenu les copains du club Simca que, comme disent nos amis anglais, ça ne serait pas du pudding et qu'on allait en baver des ronds de chapeaux!!!
Alors voilà, départ jeudi 31 janvier pour Reims avec la Simca 1100ti sur un plateau. Accueil toujours magnifique de Monsieur Leuvrey et de son équipe du RCVHS avec le plaisir de retrouver de vrais passionnés de véhicules sportifs anciens.
Visite vendredi matin, des caves Pommery, ça nous a changé de la basilique des sacres et de l'ange au sourire. Ceci dit le soir départ sur le parvis de la cathédrale, on ne vous raconte pas le cadre!!!! Même, que le ciel nous pardonne, si on a un peu dérangé Monseigneur l'Evéque pour sa messe de 19 heures.
Départ par les petites routes de la côte champenoise. Monsieur Leuvrey nous avait prévenus qu'il y aurait un petit comité d'accueil dans les villages. On avait donc préparé des suisses (une espèce de longue galette en forme de pantin, typique de Valence) avec une carte de la voiture.
Alors là, on a marqué un point car au premier poste d'accueil avec attroupement et barnum, avant même que le petit bonhomme affecté à la distibution des biscuits roses aux pilotes ne nous ait donné son paquet, on avait sorti notre suisse et l'échange s'est fait sous les hourras, les flashs et les applaudissements.
Nous avons donné notre dernier suisse à l'équipe du contrôle de Dole qui en pleine nuit glaciale se les pelait dans une tente improbable sur les bords du canal du Rhin au Rhône. Un grand coup de chapeau à tous ces enthousiastes qui nous attendent dans le froid pour qu'on puisse vivre notre passion. Petit coucou de Yann Charlet et d'autres passionnés Simca à Bourgoin-Jallieu.
Trajet sans point marquant jusqu'à Buis les Baronnies dans le sud de la Drôme, vrai départ du rallye. Et là, à Buis, il pleuvait à verse, l'Ouvèze ressemblait aux chutes d'Iguaçu et on se disait qu'on avait payé pour venir se mettre dans cette gadoue alors qu'il y en avait qui regardaient tranquillement Les Feux de l'Amour au coin du feu avec un p'tit Cognac.
Une demi-heure de débat avec mon co-pilote: "On met les clous","Non mais t'as vu ce qui flotte, les clous sur le mouillé, j'te raconte pas","Oui, mais ça caille et la-haut au col, la flotte ce sera neige et glace, alors boujour la lambada","Oui,mais non, ce sera juste le col, après pas bon les clous".... Alors on téléphone à un copain qui avait un "ouvreur": "Oui, oui, no stress, il est passé ce matin, quelques plaques de verglas de ci de là, le reste c'est bon".
Cool, on part en pneus normaux hiver... pour se taper vingt kilomètres de neige bien épaisse tombée - depuis le matin de l'ouvreur - sur laquelle la pauvre 1100 tenait la route comme une savonnette sur un bord de baignoire mouillé. Il y a bien sûr dans ces bons moments là un amateur sur le bord de la route qui fait la vidéo qui tourne sur les réseaux sociaux où l'on voit une Fiat conduite par des Danois - évidemment - qui nous dépassent dans la descente. Notez bien les Danois (qui étaient par ailleurs sympas comme tout), on en reparlera plus loin.
Et puis, on reprend de l'adhérence et on commence à arsouiller jusqu'à ce que mon co-pilote s'éclame "Ah, p... de b... de m..., la bif', là, là, la bif' à gauche, t'as loupé, t'as loupé". Freinage d'urgence, brève marche arrière, on part dans "la bif'"... sauf qu'au bout de 1500 mètres on faisait la trace sur une route enneigée, vierge de toute marque de pneus, au mileu des vaches..... genre chemin creux vendéen mais dans la montagne. Ce n'était pas la bif'. Enfin pas la bonne, quoi... Demi tour lent et compliqué et retour sur la spéciale avec.... 6000 mètres de retard. Non, parce que les retards on les mesure en convertissant le temps en mètres.
Lorque j'ai 25 mètres de retard en sortie d'épingle, j'ai mon co-pilote qui me lance "p...., gaz,gaz,gaz". Alors 6000 mètres... Oh, on les a rattrapés et avons passé la ligne finale à l'heure dite (la pauvre Titine, on lui en a bien mis dans la quiche), mais on s'est pris une valise de 20.000 points: résultat 297ème et... dernier du classement général (hors abandons).
Le blues....
Comme à Simca rien d'impossible, on vous rassure, on a remonté 160 places en huit spéciales. On va vous raconter comment!
Deuxième spéciale facile et non sélective, juste marquée, et c'est dommage, par l'abandon du bien sympathique Guy Priam et de Madame, la seule autre Simca (une 1200s) du plateau.
Et puis le lendemain cap sur l'Ardèche où au départ de la spéciale de La Croze les organisateurs nous disent "Gaffe les mecs, il y a de la neige, de la glace et beaucoup de casse dans la descente"... ça vous met tout de suite en confiance. Eh bien, ce n'était pas du flan, avec un bord de route agrémenté de culs de voitures sortant des talus. Tiens, c'est là que l'on retrouve nos amis danois, enfin, le bout qui sortait du talus. Il faut croire que la neige d'Ardèche n'est pas la même que celle de Copenhague. Même la grosse départementale du col de la Fayolle était une piste de ski de fond sur laquelle on occupait un peu tout le terrain en faisant de grands travers glissant de la droite à la gauche.
En arrivant à Antraigues, annonce de la direction de course supprimant les trois autres spéciales de la journée... ça ne faisait pas bien notre affaire car on comptait y rattraper notre retard.
Donc, parcours en liaison vers Saint-Agrève par le col de Mézilhac à près de 1200 mètres et là... il a commencer à burler. Ah oui, vous n'êtes pas du coin, la burle c'est le blizzard du haut plateau ardéchois, comme dans la toundra du Saskatchewan mais en plutôt pire. On était seul sur la route totalement blanche au milieu d'une tornade de neige. notre assistance a essayé de nous suivre juqu'à tant qu'on la voit dans le retroviseur faire un beau 360, heureusement sans toucher, et qu'on lui dise par téléphone de redescendre. Choix judicieux car le passage du col et la suite étaient bien pires. Comment dire, la burle ça fait comme des trombes de neige qui arrivent sur vous et qui enveloppent tout. Un brouillard, même bien épais, on voit, au moins un peu alors que le passage d'une trombe de burle, on ne voit pas les côtés de la route, rien, on voit à peine le bout du capot!!!!
Arrivés à Saint-Agrève, nous sommes restés deux heures à attendre, heureusement très bien reçus par les locaux qui sous un petit barnum offraient saucissons d'Ardèche, caillettes, fromages de montagne et force Viognier. On y parlait français, anglais, espagnol, italien, japonais, russe, norvégien, que sais-je... Une tour de Babel très joyeuse car tous bien contents de ne pas être dans un talus à attendre la dépanneuse qui risquait de ne pas pouvoir passer avant le mois d'avril. Le récit qui circulait était qu'on avait envoyé un chasse neige de haute montagne dégager la spéciale de Saint Bonnet le Froid mais qu'il s'était mis au talus. Un deuxième chasse neige était parti à sa rescousse mais - hélas - s'était aussi mis au tas. Alors on a envoyé le fourgon des pompiers récupérer tout le monde qui lui aussi... boum, patatras.
Redescente sur la vallée, un peu déçus mais entiers. Sauf que, dans les lignes droites, ça faisait cripitipaftictocpifclac aux quatres ailes. Un simple coup d'oeil aux roues au contrôle horaire de Tournon, où on a eu le plaisir de voir des copains mistralous, nous a montré qu'on avait perdu la quasi-totalité de nos clous. Heureusement, on avait un train de secours mieux clouté.
Lundi matin, le Vercors, spéciale du col de l'Echarasson. elle débute par une belle épingle pleine de spectateurs.Voiture chaussée en Burzet cloutés. Mon co-pilote me dit "Je te fais le frein à main, vas y, met gaz"... sauf qu'il y avait plus de verglas que de neige et qu'on a fait sauter un bon pâté de poudreuse pour la plus grande joie des spectateurs (vidéos, vidéos...).
L'Echarasson, c'est l'une des spéciales délicates du rallye (très étroite, très enneigée, toujours) avec beaucoup de sorties de route sans danger car il n'y a aucun précipice. Mais au bout de cinq kilomètres, bloqués sur cette route étroite par un gentil spectateur qui tractait avec son gros 4x4 un concurrent parti au talus.
Pouët, pouët, pouët, vous bloquez grave, là!!!! Oui, oui, oui, oui, deux secondes, deux secondes, je le sors... On arrive à se faufiler et on prend... 500 mètres de retard.
Et puis deuxième spéciale entre Le Gua et Saint Michel les Portes. Parcours dur car très enneigé malgré notre monte en Burzet cloutés, chaque virage en glissade sur vingt kilomètres avec même une glissade dans un pâté de neige dont on s'est sorti heureusement en une minute. Beaucoup de sorties de route là aussi.
Passage par le col de Grimone car la spéciale du col de Menée avait - elle aussi - été annulée, puis spéciale de Vassieux terriblement glissante dont on se sort 43ème. Bon, ça, pour le classement général...
Mardi matin départ pour le sud, avec en apéritif Saint Nazaire le Désert - Volvent - Les Faucons. Une grande grande classique de notre région. Première partie roulante et facile, deuxième plus technique mais sans grande difficulté, sauf que là... le verglas était partout, la plus dure des spéciales du rallye selon l'avis général des concurrents dont là aussi, héhéhé, avec notre monte de pneus on ne se tire pas mal. les abandons (quatre-vingts sur l'ensemble du rallye) commencent à se multiplier. Décorative Saab sur le toit dans un talus du bord de route dans la descente avant Volvent.
Spéciale de Villebois sans grand problème, celle d'Entevaux non plus, sauf que.... la pédale de frein commençait à cogner le plancher au freinage. "Dis donc, André, toi qui a conduit sur la liaison, tu n'as rien remarqué pour les freins","Ah si, ah si, la pédale, longue dis donc". Bon, petit essai freinage, bien appuyé et... voyant rouge au tableau de bord.
Appel à l'assistance: "Allo Houston,! we have a problem"!!!. "Ah oui, ben soit vous avez chauffé les freins et ça va revenir soit il y a une fuite".
Au bout de trente kilomètres, ce n'était pas revenu.
"Bon, les gars, rendez-vous à l'entrée de La Turbie: au programme changer les quatre pneus, faire le plein, réparer les freins, vous aurez quarante minutes". Sacrément confortable d'avoir nos deux anges gardiens qui nous accompagnent, deux mécanos qui n'ont pas les deux pieds dans le même sabot, on peut vous le dire!!!
Mais voilà, arrivée sur Nice à l'heure des embouteillages. De vrais embouteillages dus à un accident, genre Périf' à la Porte Maillot le vendredi à 18 heures. Et l'heure qui tournait, qui tournait et le stress qui montait, qui montait pour finalement arriver à La Turbie avec... 12 minutes pour réparer. On s'y est tous mis, deux crics rouleurs deux clefs à choc, bim, boum... "Philippe, appuie sur les freins je purge"... "C'est ça, c'est le flexible qui fuit... soit vous vous êtes pris quelque chose, soit il a frotté...","Oui, bon, et alors?","Ben, à chaque coup de frein tu perds un peu de loockeed, en plus en spéciale tu vas chauffer","Ben, c'est embétant,ça","Ben oui, plus de loockheed, plus de freins"."Combien de temps pour réparer?","Vingt minutes, on a un flexible....","Oublie, trop long! Note bien quand je pompe à la pédale, ça va mieux","Attend, là tu pars faire le Turini... Bon pour le moment ça suinte juste, on a refait le niveau"."Allez, c'est bon, on rajoutera du Loockheed".
Et ça a tenu!
Départ dans la nuit, vers Sospel à bon rythme, suivis par les Danois. Tiens, les revoilà! Content qu'ils soient sortis de leur fossé mais ils sont maintenant derrière nous au général. On les a laissés passer dans les épingles avant le début de la spéciale car mon co-pilote m'a fait remarquer que ce n'était pas le moment de commencer à taper dans les freins ni de déclouter sur le sec.
Le Turini, c'est un départ toute les trente secondes. Très dur avec des passages très verglacés... où on retrouve nos amis danois, salement tanqués sur un cailloux. Là aussi la glace française ne doit pas être celle du Danemark. On les a revus à Monaco,avec un longeron fendu à deux endroits. Passage du Turini avec toujours les lanceurs de neige. Bon, les autres années, c'était des boules de neige sur le pare-brise. Plof! en plein virage sur la glace au milieu des spectateurs, ça aide pour la sécurité. Là, il y avait un grand c... sur un talus qui avec une pelle à neige, vous balançait un a deux kilos de neige tassée en plein pare-brise. Boum! Les essuie-glaces à la peine... Elle est où la route? Et les spectateurs?
Dernière spéciale vers Lucéram globalement déneigée mais quelle descente!!! Epingle relance sur plusieurs kilomètres avec à chaque sortie d'épingle l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette entre l'aile et le parapet en moëllon. Sinon, pschitt, pschitt, pschitt sur la pédale de frein... comme disait mon co-pilote "Faut pas lâcher...".
Arrivée finale à Monaco 137ème... On râle car, une fois de plus on loupe notre Top 100 mais en partant de la 297ème place on se console un peu en faisant pêter le champagne à trois heures du matin sur le capot de la voiture. Et puis, même si on en a bien bavé, Titine est entière, les bonshommes aussi. Enfin, presque entière, car on a un peu rincé la boîte de vitesse... le grand classique chez Simca et pour nous, un Monte-Carlo, une boîte, c'est le tarif. Nos super mécanos vont nous arranger ça dans le week-end!
L'édition 2019 restera l'une des plus dure à laquelle nous aurons participé mais quand même la 1100ti, quel moteur et quelle tenue de route!!!
Vincent Penel + André Mouriquand.
Equipage 265, Simca 1100ti de 1976